Chers lecteurs,
2008, 1987, 1929…et maintenant 2020. Ces années évoquent la même chose. Ce sont aussi celles pendant lesquelles on entend le même refrain. La crise boursière.
Chaque correction, chaque krach, chaque capitulation…sont autant d’occasions d’entendre :
« On n’a jamais vu ça »
« C’est d’une violence inouïe »
« C’est la fin du système, on ne s’en relèvera pas »
« Ces journées entreront dans les livres d’histoire »
Nous avons pu les entendre autour de nous aux informations, lors d’interviews d’experts de la finance ou lues sur des forums boursiers.
À chaque crise boursière c’est la même chose, et pourtant, elles continuent à répandre leur petit effet. Elles échauffent, elles tendent, elles embrasent des investisseurs qui ont pourtant déjà vécu ça.
À croire que certains avaient oublié qu’investir restait un pari risqué, et surtout que la bourse pouvait (aussi) baisser. Il est vrai que l’apparition des taux d’intérêts négatifs ne les ont pas aidé. Cette nouveauté qui a commencé à apparaître en 2014 du côté de la Banque Centrale Européenne (BCE) a quelque peu reconfiguré la recherche du rendement chez les investisseurs [1], les amenant à considérer naturellement que la seule alternative avec un rendement potable se trouvait…en bourse. Il est vrai aussi qu’avec des banques centrales aussi rassurantes et prêtes à tout (vieil héritage de la crise de 2008), on pouvait penser que les marchés ne feraient que monter. Mal leur en a pris. Tous à couvert.
Autopsie d’une hécatombe de 26 jours
Oui, le krach boursier que nous connaissons est historique : entre le 20 février et le 16 mars dernier, le CAC 40 a abandonné 2400 points (39%). En 26 jours, nous avons brûlé 710 milliards d’euros de capitalisation des 1830 milliards que pesait l’indice le 1 janvier 2020 [2]. En 26 jours, nous avons abattu 7 années de hausse (nous avons retrouvé les niveaux de cours de 2013). Il nous aura aussi fallu 26 jours seulement pour faire plus de la moitié de ce que nous avions fait en 1 an et 8 mois entre juillet 2007 et mars 2009 pendant la grande crise financière.
Palmarès de cette hécatombe pour les plus grosses capitalisations parisiennes, Technip, Renault et Airbus. À l’heure où j’écris ces lignes, elles ont abandonné respectivement 67%, 57% et 56%.
Les deux ingrédients de la crise boursière de 2020
L’ingrédient N°1 de cette crise (qu’on appellera probablement le krach du coronavirus), c’est l’émotion commune à toute grande crise : la peur. Contrairement à 2008, celle-ci est cette fois venue d’un choc qui vient de l’extérieur, en dehors des rangs des systèmes financiers et économiques. Mais qui pourtant menace l’économie toute entière. C’est le fameux “cygne noir” : un événement gravissime et imprévisible (un virus..) qui avait une très faible probabilité de se dérouler…mais qui est arrivé.
Le château de carte, c’est l’ingrédient numéro 2. Comme je l’ai indiqué au début de cet article, les intérêts négatifs sont sans doute la base, la première pierre, sur laquelle s’est fondé notre château de carte, car rien ne semblait plus rentable pour les investisseurs. Le vocabulaire peut paraître violent, alors je précise que par château de carte j’entends des marchés plus hauts (un peu ? beaucoup ? Je vous laisse apprécier…) que ce qu’ils auraient dû être.
Le château s’est tranquillement bâti au fil des années. Puis un léger souffle venu d’Asie s’est levé. Celui de la peur, qui a fait trembler puis sauter à sa base la première carte qui faisait tenir le tout. Marchés hauts : réveil brutal.
Il faut garder la tête froide au milieu de l’irrationalité
Qu’en est t-il aujourd’hui ?
L’incendie a tout brulé. Mais les marchés, comme la nature, ont beaucoup de résilience. Lorsque la forêt silencieuse et calcinée se réveille le lendemain du ravage, lorsque la pluie est venue rafraîchir la cendre noire, chaude et humide, il y a toujours de jolies pousses qui renaîtront.
En bourse, ces pousses vertes, ce sont ces entreprises qui vont repartir beaucoup plus vite que les autres et superformer le marché. Elles délivreront tout leur potentiel et deviendront les rendements…
…des gagnants de demain.
Prenez soin de vous,
Clément Bourdy
[1] Comment expliquer les taux d’intérêts négatifs ?, La finance pour tous, février 2020, consulté en mars 2020, disponible sur : https://www.lafinancepourtous.com/decryptages/finance-perso/banque-et-credit/taux-d-interet/comment-expliquer-les-taux-dinteret-negatifs/
[2] Composition de l’indice, Boursier, consulté en mars 2020, disponible sur : https://www.boursier.com/indices/composition/cac-40-FR0003500008,FR.html?tri=dcapi